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Wanze compte aujourd’hui deux éoliennes situées à Vinalmont dans le prolongement du parc de Villers-le- Bouillet. Quatre projets sont également à l’étude dont deux vivement critiqués à Huccorgne et Longpré et les deux autres dans le prolongement du parc de Villers. Et les Wanzois dans tout cela ? Pourront-ils profiter des retombées économiques de l’installation de ces éoliennes ? L’éolien citoyen, on en parle avec Damien Ernst, spécialiste des réseaux d’électricité (Ulg).

Dans le débat sur l’avenir énergétique de la Wallonie, que représente pour vous l’éolien citoyen ?

C’est un modèle à suivre qui combine à la fois l’aspect positif des énergies renouvelables tout en permettant un retour financier vers les citoyens qui, rappelons-le, cotisent pour leur électricité, le réseau, l’énergie verte. Dans le contexte économique actuel, c’est un bon placement sur. Bref, là où c’est installé, c’est très positif et bien accepté socialement. C’est un peu le moulin à grain de la commune. Au-delà de l’éolien citoyen, l’investissement coopératif dans l’énergie verte c’est l’avenir.

Peut-on envisager de la même manière des éoliennes « communales » ?

Absolument. De la même manière, l’appropriation d’une éolienne ou l’installation de panneaux photovoltaïque par une commune permet d’engendrer des bénéfices et d’envisager un retour direct vers les citoyens ou des investissements dans la localité. Au niveau communal, on sous-estime, cela dit, trop le travail à mener en matière d’efficacité énergétique des bâtiments. Cela devrait être une priorité.

On oppose souvent nucléaire et éolienne, l’avenir se situe où ?

La question du nucléaire phagocyte le débat et empêche toute discussion sereine dans le dossier énergétique, notamment sur le renouvelable ou sur les coopératives citoyennes. Ce sont pourtant des clefs du débat. Opposer renouvelable et nucléaire, c’est un slogan qui n’a pas de sens. L’avenir, c’est le renouvelable. Les prix sont en train de s’écraser tant pour l’éolien que pour le photovoltaïque. L’avenir sera un mix des deux avec, en complément, de l’hydraulique, des batteries de stockage d’énergie, une modernisation du réseau et des voitures électriques bien intégrées au réseau. Entendez par là la possibilité d’utiliser leurs batteries pour gérer les fluctuations de la production d’électricité verte. L’hydrogène aura sans doute un rôle également. Plus personne de sérieux dans le secteur ne mise sur le nucléaire qui est cher, lent à mettre en place, comporte des risques et des contraintes.

 » Opposer renouvelable et nucléaire, c’est un slogan qui n’a pas de sens. L’avenir, c’est le renouvelable. »

Reste nos réacteurs anciens, notamment à Tihange

Oui. Le calendrier de sortie sera difficile à respecter si on ne prend pas les décisions qu’il faut maintenant. C’est une responsabilité politique. Mais prolonger la durée de vie des réacteurs n’est pas sans risque. La filière est vieillissante et il suffit d’un nouvel accident majeur en Europe pour qu’elle s’effondre. Surtout s’il est démontré que cet incident est lié à la vétusté des installations. A ce moment là, il faudra sortir du nucléaire sans y être préparé.

En matière d’énergie, vous défendez les « micro-grids », des petits réseaux d’électricité. Pouvez-vous nous en parler ?

L’approvisionnement en énergie a longtemps été vu de manière centralisé. Aujourd’hui, nous fonctionnons même dans un marché essentiellement européen. Personnellement, je suis pour une gestion de l’électricité locale et hors marché. Je suis pour la mise en place de micro-réseaux où des petites unités de production fournissent les consommateurs sur un petit territoire. On peut comparer cela au circuit-court. L’échelle du quartier est intéressante. Le secteur immobilier intègre d’ailleurs cela dans ses réflexions pour l’avenir : des petits quartiers dotés de panneaux photovoltaïques ou d’autres unités de production « collectives » et qui aliment l’ensemble des maisons. C’est prometteur !

Damien Ernst travaille pour l’instant comme Professeur à l’Université de Liège où il fait de la recherche dans le domaine de l’énergie et de l’intelligence artificielle.